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PRESENTATION DU RESEAU THEMATIQUE

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L’utilisation des « thérapies complémentaires » en santé est considérable et se diversifie en France comme en Europe. Cependant, la plupart de ces pratiques n’ont pas été évaluées scientifiquement et l’inexistence de réglementation contribue à des risques potentiels pour la santé de la population (pertes de chance, effets secondaires, interactions avec des médicaments…). Leur évaluation représente un défi et la recherche doit s’investir et permettre de distinguer les interventions non médicamenteuses (INM), fondées sur des données probantes, des médecines alternatives, fondées sur des principes pseudo-scientifiques. Ainsi, le RTP INM propose de créer un réseau entre tous les acteurs de l’évaluation des INM qui le souhaitent afin de leur permettre d’échanger leurs expériences, leurs résultats, leurs difficultés et de construire les bases d’une nouvelle méthodologie d’expertise des effets des INM.  La mission principale du RTP-INM consistera à accélérer la diffusion des méthodes d’évaluation pertinentes, à consolider un paradigme consensuel d’évaluation amont et aval, à diffuser les études ayant évalué les bénéfices / risques des INM, et à identifier les multiples mécanismes d’action.

Ce réseau rapprochera la communauté des chercheurs des acteurs de cette filière en plein essor, car porteuse d’espoirs face aux transitions sociales, sanitaires, démographiques, économiques et environnementales en cours.

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PROGRAMME ET PRINCIPAUX OBJECTIFS

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Depuis une dizaine d’années, tous les rapports et les synthèses sur les « thérapies complémentaires » réalisées par les diverses institutions concluent à une utilisation considérable de ces pratiques (plus de 85% chez les personnes touchées par un cancer (Lognos et al. 2019, Renet et al., 2021), qui s’oppose à une évaluation insuffisante de leurs effets (CAMbrella, 2012 ; INSERM, 2012-2019). Selon les institutions, l’emploi de terminologie différentes : « médecines alternatives et complémentaires » ou MAC (CAMbrella WP1, Wiesener 2012), « médecines traditionnelles, complémentaires et intégratives » ou MTCI (OMS 2020), ou encore « thérapies complémentaires » (HAS, INCa, Académie Nationale de Médecine, INSERM, AP-HP, Assemblée Nationale, Sénat…) contribue à entretenir un certain flou autour de ces interventions. Il est essentiel d’évaluer ces pratiques et ainsi de distinguer les interventions non médicamenteuses (INM), pratiques fondées sur des données scientifiques probantes et une démarche qualité (hors dispositif médical et chirurgie), des interventions pseudo-scientifiques. Pour que les MAC / MTCI puissent devenir des INM, la mise en place consensuelle de méthodes et d’un paradigme d’évaluation adaptés est nécessaire. Ainsi la définition d’une stratégie de recherche propre (Fonnebo et al., 2007) est prioritaire. Parmi les grands objectifs de recherche sur la thématique, on note l’étude :

  • Des usages, besoins, attentes et comportements (contexte)

  • De l’efficacité et de l’efficience dans la vie réelle (et pas seulement en laboratoire)

  • De la vérification de l’innocuité pour la santé

  • Du modèle d’intégration au système de santé (contexte et implémentation)

  • Des mécanismes d’action des pratiques (Fischer 2014).

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, leur évaluation dans un cadre scientifique rigoureux et fournissant des données fiables et de qualité est possible (Craig et al., 2013). Les méthodes d’évaluation se mettent en place ou existent déjà (Cochrane 2020). Elles doivent être correctement choisies et adaptées aux questions posées, à l’intervention correctement décrite (Ninot, 2020) et proposer l’utilisation de méthodes mixtes (quantitatives et qualitatives). Le champ d’étude est très vaste puisque plus de 400 thérapies complémentaires ont été recensées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS 2013), alors que seulement quelques-unes ont été expertisées scientifiquement pour quelques indications.

Les INM offrent des méthodes de prévention et de soin qui prennent en compte le patient dans un contexte global (ses projets, son environnement et le sens qu'il donne à sa vie).  Elles repositionnent ainsi le mode de vie (hygiène de vie, physique et psychique), encore trop souvent négligé par la société (patients, citoyens, soignants). Elles activent ainsi probablement des mécanismes bio-psycho-sociaux intriqués les uns aux autres (Brami et al. 2014, Celestin-Lhopiteau 2015).

Elles interrogent une grande partie du corps médical qui soit les ignore pour se concentrer essentiellement sur l’organe atteint, soit considère qu’elles ne sont pas rationnelles, particulièrement lorsqu’elles sont issues de médecines traditionnelles, soit les utilise en toute méconnaissance, ou encore n’a pas la possibilité de les recommander de façon éclairée par manque de connaissance.

Cependant, la santé est un bien trop précieux pour abandonner ce champ des interventions à l’ignorance, sans ignorer le fait qu’une INM maitrisée et adaptée peut accompagner et potentialiser les résultats de la prise en charge médicale traditionnelle en cas de maladies graves comme le cancer, les maladies neurodégénératives ou les troubles psychiatriques (Centre d’analyse stratégique 2012). L’OMS préconise de renforcer la sécurité, la qualité et l’efficacité vis-à-vis de ces pratiques complémentaires via la réglementation mais aussi de promouvoir une couverture sanitaire universelle en intégrant les services de médecines traditionnelles et complémentaires dans les systèmes de santé nationaux. A l’heure actuelle, les parcours de soin s’acheminent vers une association de la biomédecine à ces interventions complémentaires afin d’aboutir à une médecine plus globale et intégrée pour chaque patient. Le développement d’études scientifiques rigoureuses d’évaluation et une réflexion anthropologique et sociétale sur ces pratiques est incontournable pour leur intégration harmonieuse à la prévention et aux parcours de soin.

 

Un certain nombre de chercheurs, enseignants chercheurs, médecins et praticiens ont entrepris de mener en France un travail de recherche sur ces pratiques. Quatre groupements sont particulièrement moteurs dans la dynamique de développement de la médecine intégrative : Le CUMIC, le GETCOP, la Plateforme universitaire CEPS et l’OMCNC. Des initiatives apparaissent, notamment autour des soins de support en cancérologie, dans certains CETD (Centres d’Evaluation et de Traitement de la Douleur) et certains hôpitaux (AP-HP, CH Alès, Metz). Des partenaires privés accompagnent aussi cette diffusion : le C2DS, Centre de Développement Durable en Santé, et l’IFPPC (Institut de formation et de recherche pour les professionnels de la santé & Centre de santé et de thérapies Psycho Corporelles) et l’association IPSEA, ayant élaboré et publié une méthode recherche qualitative innovante spécifique au champ de la santé (IPSE, inductive process to analyze the structure of lived experience). Toutefois, de nombreux acteurs de la recherche sur les INM se retrouvent souvent isolés dans leurs structures. Le RTP INM propose de créer un réseau entre tous les acteurs de l’évaluation des INM qui le souhaitent afin de leur permettre d’échanger leurs expériences, leurs résultats, leurs difficultés méthodologiques et de fonder les bases d’une nouvelle méthodologie d’expertise des effets des INM. De même que l’évaluation des médicaments repose sur des protocoles bien définis et harmonisés de l’« Evidence Based Medicine » ou médecine basée sur les preuves, une méthodologie consensuelle doit être définie afin de favoriser une évaluation fondée sur les preuves des INM. Cela implique par exemple de définir correctement des groupes contrôles adaptés et de tenir compte d’indices qualitatifs (qualité de vie, confort, satisfaction des citoyens utilisateurs, etc..) et d’identifier de nouveaux critères de jugement. Une fois validées scientifiquement, ces INM pourront s’intégrer à la prise en charge dans certaines indications, ce qui est déjà le cas pour certaines d’entre elles comme l’hypnose ou la méditation de pleine conscience (Fischer et al. 2014). Nous mènerons une réflexion transdisciplinaire (biologie, médecine, sciences humaines et sociales, aspects économiques) sur les possibilités d’intégration de ces INM à la prévention et dans les parcours de soins.

Afin de faciliter les échanges, le RTP organisera des réunions trimestrielles permettant de faire émerger de nouvelles idées basées sur la science, sur les expériences communes et la singularité de chacun.

 

Objectifs :

 

- consolider des paradigmes d’évaluation consensuels des effets des pratiques, expertisées en amont et en aval

- partager les études ayant évalué les bénéfices et les risques des INM

- accélérer la diffusion des méthodes d’évaluation pertinentes

- isoler les multiples mécanismes d’actions (notamment psycho-neuro-endocrino-immunologiques)

 

Impact :

  • rapprocher la communauté des chercheurs des acteurs de cette filière en plein essor, car porteuse de réponses face aux transitions sociales, sanitaires, démographiques, économiques et environnementales en cours,

  • encourager les collaborations autour des INM en rapprochant des équipes afin de construire des projets de rechercheet de répondre à des appels d’offres régionaux, nationaux et européens

  • améliorer le recensement des chercheurs travaillant sur ces thématiques

  • organiser des rencontres scientifiques améliorant la qualité méthodologique des protocoles

  • sensibiliser les praticiens à la formation par la recherche.

 

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Références :

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Brami C., Bouché O., Karp J.C., Curé H. (2014) La cancérologie intégrative ou l’utilisation des thérapies complémentaires. À propos d’un modèle américain. Bulletin du cancer 101 (6): 531-32. DOI: 10.1684/bdc.2014.1980

 

CAMBRELLA (A pan-European research network for complementary and alternative medicine (CAM)) - Final Report Summary (2012) https://cordis.europa.eu/project/id/241951/reporting.

 

Célestin-Lhopiteau I. (2015) Soigner par les Pratiques Psycho-corporelles. Pour une santé integrative. Editions Dunod.

 

Centre d’analyse stratégique (2012) Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? » Note d’analyse n°290 http://archives.strategie.gouv.fr/content/quelle-reponse-des-pouvoirs-publics-lengouement-pour-les-medecines-non-conventionnelles-note.

 

Cochrane (2020) https://cam.cochrane.org/cochrane-reviews-and-protocols-related-complementary-medicine.

 

Craig P., Dieppe P., Macintyre S., Michie S., Nazareth I., Petticrew M. (2013) Developing and evaluating complex interventions: the new Medical Research Council guidance.

International journal of nursing studies 50 (5): 587-92. DOI: 10.1016/j.ijnurstu.2012.09.010.

 

Fischer F., Lewith G., Witt C.M., Linde K., von Ammon K., Cardini F., Falkenberg T., Fønnebø V., Johannessen H., Reiter B,. Uehleke B., Weidenhammer W., Brinkhaus B. (2014) A research roadmap for complementary and alternative medicine-what we need to know by 2020. Complementary Medicine Research 21(2): e116.

 

Fønnebø V., Grimsgaard S., Walach H., Ritenbaugh C., Norheim A.J., MacPherson H., Lewith G., Launsø L., Koithan M., Falkenberg T., Boon H., Aickin M.(2007) Researching complementary and alternative treatments – the gatekeepers are not at home. BMC Med Res Methodol. 11;7:7.

 

Lognos, B., Carbonnel, F., Boulze-Launay, I., Bringay, S., Guerdoux-Ninot, E., Mollevi, C., Senesse, P., Ninot, G. (2019).

 

Complementary and Alternative Medicine in Patients with Breast Cancer: An Exploratory Study of Social Network Forums Data. Journal of Medical Internet Research Cancer, 5(2), e12536. doi: 10.2196/12536

 

Miviludes (2012) Guide « Santé et dérives sectaires ». Paris: La Documentation Française.

Ninot G., Carbonnel F. (2016) Pour un modèle consensuel de validation clinique et de surveillance des interventions non médicamenteuses (INM). HEGEL [ISSN 2269-0530], 03.

 

Ninot, G. (2020). Non-Pharmacological Interventions: An Essential Answer to Current Demographic, Health, and Environmental Transitions. Cham : Springer Nature.

 

Ordre National des Médecins (2015) Quelle place pour les médecines complémentaires ? », https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cn_webzine/2015-07/www/index.php#/intro.

 

Organisation mondiale de la Santé (2013) Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 (Organisation mondiale de la Santé, 2013).

 

Rapport INSERM (2012) « Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’ostéopathie » https://www.osteopathe-syndicat.fr/actualite-osteopathe-du-sfdo-item-232-rapport-inserm-evaluation-de-l-efficacite-de-l-osteopathie-html

 

Rapport INSERM (2019) Activité physique : Prévention et traitement des maladies chroniques. https://www.inserm.fr/information-en-sante/expertises-collectives/activite-physique-prevention-et-traitement-maladies-chroniques

 

 

Renet S, de Chevigny A, Hoacoglu S, Belkarfa AL, Jardin-Szucs M, Bezie Y, Jouveshomme S. (2021). Risk evaluation of the use of complementary and alternative medicines in cancer. Ann Pharm Fr. 2021 Jan;79(1):44-52. doi: 10.1016/j.pharma.2020.05.001.

 

Wahner-Roedler D.L., Lee M.C., Chon T.Y., Cha S.S., Loehrer L.L., Bauer B.A. (2014) Physicians' attitudes toward complementary and alternative medicine and their knowledge of specific therapies: 8-year follow-up at an academic medical center. Complement Ther Clin Pract. 20(1):54-60.

 

WHO Global atlas of Traditional, Complementary and Integrative Medicine (2020) C. K. Ong et al. ISBN: 9241562862 https://www.who.int/publications/i/item/9241562862

 

Wiesener S, Falkenberg T, Hegyi G, Hök J, Roberti di Sarsina P, Fønnebø V. (2012) Legal status and regulation of complementary and alternative medicine in Europe. Forsch Komplementmed 19 Suppl 2:29-36. doi: 10.1159/000343125.

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